« Garder son âme d’enfant » : vous avez sûrement toutes et tous entendu ou dit cet adage. Mais, concrètement, qui l’a déjà appliqué ? C’est sur ce constat que commence notre échange avec Solidream, un trio de voyageurs réunis autour du même objectif : réaliser leurs rêves d’enfants. Des rêves qui ne nécessitent pas forcément d’aller loin et qui, selon eux, leur permettent de se sentir heureux. Pourtant, si nous avons toutes et tous des rêves, nous sommes peu à les accomplir par peur. Jugement des autres, injonctions du système capitaliste, auto-contrôle … Et si on décidait de « sortir du rail » ? 

Solidream, c’est l’histoire de trois amis qui, après être partis en voyage à l’autre bout du monde, ne se sont plus jamais arrêtés. L’objectif ? Réaliser leurs rêves d’enfants. Tantôt en traversant le monde en vélo, tantôt en survolant les Pyrénées en parapente, ces trois grands enfants, comme ils aiment se définir, ont fait le choix de poursuivre leurs rêves à rebours des injonctions sociétales, du système capitaliste. Plus de quatre ans après notre première rencontre, nous les avons retrouvé pour revenir sur leurs aventures, sur leur façon de voir et de penser le voyage, mais aussi sur la manière dont ils vivent la pandémie de Covid-19. Plus exactement, c’est à l’occasion de la sortie de leur vidéo récapitulant plus de dix ans d’aventures entre amis que nous avons échangé avec Solidream, et notamment avec l’un d’entre eux, Morgan. 

 

Mr Mondialisation : Bonjour Morgan, pouvez-vous m’expliquer ce qu’est Solidream ? 

Morgan : C’est un collectif de trois amis qui travaillent dur pour réaliser leurs rêves de gosse. On essaie d’entretenir notre âme d’enfants et de ne pas perdre de vue les rêves qu’on avait quand on était gamins. Par exemple, ça a été de voyager autour du monde, mais aussi d’apprendre à voler via le parapente, de dormir dans des cabanes dans les bois … Voilà, ce sont des choses dont tous les enfants rêvent et nous, en tant qu’adultes, on essaie de continuer à être de grands enfants. 

Voler, un rêve réalisé dans les Pyrénées en parapente ! / Crédits photo : Solidream

Mr Mondialisation : Dans nos précédents échanges, on retrouve souvent l’idée d’un voyage dit « alternatif ». Pourquoi vouloir voyager différemment ? 

Morgan : On ne prétend pas voyager de manière « alternative ». En fait on voyage surtout de la façon qui nous fait le plus plaisir, c’est-à-dire en prenant le temps. Prendre le temps d’avancer à vitesse consciente, pour réaliser et apprécier pleinement ce qu’il y a autour de nous, via la marche et le vélo. C’est tout simplement une envie de voyager lentement. Cela peut être qualifié d’alternatif, si vous voulez, mais c’est avant tout ce qu’on aime faire ! 

Mr Mondialisation : Vous venez de sortir une vidéo, qui récapitule plus de dix ans d’aventures en images. Quel est votre meilleur souvenir ? 

Morgan : Un bon souvenir ? J’en ai un qui me vient directement en tête ! Quand je suis parti voyager autour du monde en vélo avec mes amis, j’en ai profité pour organiser un voyage sur un petit voilier pour aller en Antarctique, trente ans après l’expédition de mon père qui était allé lui-même en Antarctique. Pour fêter ces trente ans, on a décidé d’y aller tous ensemble : Solidream, mon père et les amis avec qui il avait fait ce voyage à l’époque. Nous trois, on s’est rendu en vélo à Ushuaïa, tandis que mon père et ses amis nous ont rejoint en voilier. On s’est tous retrouvés là-bas pour prendre un voilier et, trente ans après, jour pour jour, revenir sur leurs traces pendant 40 jours. On a exploré la péninsule antarctique, exactement comme ils avaient pu le faire auparavant. C’était une expérience incroyable ! Mais c’est une expérience qui a été provoquée par mon envie de partir. Si j’étais resté dans mon cursus d’ingénieur et que j’avais continué de travailler comme avant, je n’aurais jamais eu l’opportunité de vivre ça avec mon père. Donc je l’ai vécu parce-que j’ai pris la décision de sortir du rail … Mon père a toujours eu l’habitude de me dire « Si tu souhaites qu’il t’arrive des choses exceptionnelles, commence par faire quelque chose d’exceptionnel ». Je crois que cette aventure en est l’illustration parfaite !

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L’expédition en Antarctique en images / Crédits photo : Solidream
Le père de Morgan et ses deux amis de l’époque, à côté de la tente qu’ils avaient utilisé trente ans auparavant pour la même expédition / Crédits photo : Solidream

Mr Mondialisation : Ce n’est pas si facile pour tout le monde de « sortir du rail » pour réaliser ses rêves. Concrètement, comment fait-on pour passer à l’acte ? Quel a été le déclic pour vous ?

Morgan : Tout le monde n’apportera pas la même solution à cette question. En ce qui me concerne, j’essaie de me rappeler ce qui est le plus important dans la vie. A mes yeux, c’est d’être et se sentir heureux. Il y a plusieurs manières d’y arriver : être proche de ses amis, de sa famille, avoir suffisamment d’argent pour manger et s’abriter … mais il y a aussi réaliser ses rêves ! Personnellement, c’est ce qui m’a motivé. Ma réflexion a été la suivante : il ne faut pas que je me mente, mon rêve à moi ce n’est pas d’aller au bureau tous les jours et d’avoir cinq semaines de vacances par an. Ça, ce n’est pas mon rêve. Je vais donc tout faire pour réaliser mes rêves, ceux dans lesquels je m’épanouis pleinement et qui me font me sentir heureux.

Mr Mondialisation : Finalement, tout a commencé par un long voyage de trois ans, qui ne s’est jamais arrêté. Comment, en tant que passionnés d’aventures, vivez-vous la pandémie actuelle ? 

Morgan : Le contexte de pandémie nous a touchés, comme tout le monde. Mais ça a aussi été une opportunité pour changer nos habitudes et apprendre de nouvelles choses. J’ai une maison autonome en énergie, je filtre l’eau du Bas-Rhône pour la boire, j’ai un système d’assainissement autonome … mais j’ai profité du premier confinement pour m’occuper de la terre de mon jardin, faire pousser des fruits et légumes. Comme beaucoup d’autres gens l’ont fait d’ailleurs !  Ensuite, après ce confinement, rien n’a vraiment changé pour moi en fait. Je n’ai pas pour vocation de voyager nécessairement loin, ce qui m’intéresse c’est plutôt de réaliser pleins de petits rêves qu’on ose pas faire parce-que on a peur ou qu’on se dit que c’est trop compliqué. C’est ce qu’on a tous les trois continué de faire ! Partir régulièrement en montagne, bivouaquer dans la nature, dormir dans des cabanes en bois au milieu des Alpes, voler en parapente … ce sont des petites aventures qui nous remplissent de bonheur, et ce autant que si l’on voyageait loin. On a de très belles choses juste à côté de chez nous, en France, il suffit juste d’y prêter attention.

Le potager mis en place lors du premier confinement / Crédits photo : Solidream

A titre personnel, la pandémie ne m’a pas beaucoup changé. Par contre, cela m’a fait réaliser à quel point la société entière était capable de changer du jour au lendemain, quand on décide de le faire. Cela montre la capacité de la société à s’adapter. Et, quand on part en voyage ou à l’aventure, c’est la première qualité qu’on développe : la capacité d’adaptation. Quelque part, je me dis que l’aventure, c’est dans les gènes de tous les humains. C’est souvent la peur qui bride les gens, qui les empêche de réaliser leurs rêves, alors qu’ils en sont capables.

Mr Mondialisation : Un dernier mot pour nos lecteurs ? 

Morgan : Cette vidéo des dix ans, on l’a réalisée dans l’espoir de redonner de l’énergie aux personnes qui n’ont pas trop le moral en ce moment. On souhaite montrer que le bonheur est à côté de la porte, et qu’il suffit d’y aller quoi ! Dans notre collectif, il n’y a pas de champions ou de sportifs de haut niveau, on est des gens ordinaires. Donc on veut encourager les gens ordinaires, comme nous, à se prendre en main pour réaliser leurs rêves.

– Propos recueillis par Camille Bouko-levy

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