France – Des algues à la place des pesticides ? C’est l’idée étonnante développée par l’entreprise ImmunRise installée à Pessac, près de Bordeaux, qui souhaite proposer une alternative durable pour traiter les vignes, à partir d’une micro-algue à effet naturellement fongicide. Après des résultats positifs en laboratoire, le bio-pesticide est désormais testé dans des vignobles. Une piste à étudier alors que la France s’est engagée à diviser par deux l’usage des pesticides d’origine pétro-chimique d’ici 2025.
Convaincu de la nécessité de proposer des alternatives biologiques pour produire de manière plus respectueuse de l’environnement au sein du monde agricole, l’entreprise ImmunRise Biocontrol s’est engagée dans une voix audacieuse : « identifier des micro-organismes marins capables soit de stimuler les défenses naturelles des plantes soit d’agir directement sur les agents pathogènes, limitant le développement de la maladie sur les végétaux. »
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Une algue contre le mildiou et le botrytis
Les bio-pesticides permettent en effet de bénéficier des caractéristiques de certaines plantes ou organismes présents dans la nature. Leur fabrication se fait à partir « d’extraits naturels ou d’organismes vivants ». Le premier de la liste chez ImmunRise est issu d’une micro-algue. Après avoir été mise « en culture dans de l’eau de mer, celle-ci est récoltée afin d’obtenir une poudre brune avec une odeur iodée caractéristique. Cette poudre a des propriétés fongicides sur les champignons attaquant des cultures d’importance agronomique (blé, vigne, maraichage). »
Alors que les premiers tests viennent d’être lancés dans des exploitations, les essais en laboratoire se sont avérés concluants. En effet, d’après des résultats obtenus par l’INRA (Institut National de Recherche Agronomique), le produit serait à 100 % efficace contre le mildiou et à 50% contre le botrytis, ce qui est particulièrement encourageant puisqu’il s’agit de deux des principales maladies de la vigne. Ce pesticide naturel, qui pourrait également être appliqué à la tomate, la pomme, la pomme de terre, le blé et la banane permettrait donc de cibler plusieurs maladies à la fois, sans l’inconvénient destructeur des pesticides conventionnels.
Une solution pour réduire l’impact de l’agriculture sur l’environnement ?
ImmunRise a pour objectif « de proposer des produits de bio-contrôle qui soient aussi efficaces que les pesticides de synthèse afin de pouvoir réduire leur utilisation, à terme ». Ainsi, en développement de produits respectueux de l’environnement, le laboratoire souhaite accompagner la transition vers une agriculture durable, en aidant les agriculteurs qui voudraient délaisser les pesticides chimiques et polluants, dangereux pour leur santé et leur environnement, au profit d’autres alternatives plus respectueuses de la nature. D’ailleurs, leur premier bio-pesticide est actuellement testé chez un vigneron qui s’engage dans une démarche responsable depuis de nombreuses années, notamment en diminuant les intrants chimiques.
Les vignes françaises, ivres de pesticides
En France, la vigne est l’une des cultures les plus avides en pesticides, alors qu’elle ne représente que 3% des surfaces agricoles exploitées. En 2016, 20% des pesticides étaient consommés par les vignerons ! Pourtant, plusieurs études pointent le lien entre l’usage intensif de ces substances chimiques et les maladies développées par les exploitants mais également les riverains. En 2016, un rapport de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) rappelait que « de nombreuses études épidémiologiques mettent en évidence une association entre les expositions aux pesticides et certaines pathologies chroniques ».
Mais en dépit des nombreuses alertes pour la santé humaine et l’environnement, il reste particulièrement compliqué de s’attaquer aux pesticides et de réduire de manière drastique leur usage. L’excuse toute trouvée : « il n’y a pas d’alternatives » ! jusqu’à aujourd’hui ? Il aura fallu attendre cette année pour que l’usage de pesticides baisse pour la première fois en France depuis 2009, mais la situation reste peu encourageante. En effet, alors qu’en 2012 il avait été prévu de diviser par deux l’usage des pesticides dès 2018, début 2015 cet objectif avait été reporté à 2025, faute de résultats.
Pendant ce temps, en octobre 2017, deux nouveaux intrants chimiques faisaient leur entrée sur le marché français comme si de rien n’était, pourtant classés « dangereux pour les abeilles » ! De plus, à chaque fois que la question est évoquée au sein du débat public, il existe une véritable levée de bouclier de la part des syndicats agricoles majoritaires, notamment la FNSEA.
Dans ce contexte, ces algues offriront peut-être un jour une alternative prometteuse ?
Sources : immunrisebiocontrol.fr / franceinter.fr / actu-environnement.com
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