Le mercredi 22 novembre 2023, le Parlement européen s’est une nouvelle fois illustré négativement en validant un accord de libre-échange sur des denrées alimentaires entre le vieux continent et la Nouvelle-Zélande, située à près de 20 000 kilomètres d’ici.

Malgré la protestation des élus de gauche français, les eurodéputés, majoritairement de droite ou d’extrême droite, ont massivement (83 %) voté pour la suppression de 98,5 % des frais de douane entre ces pays pourtant diamétralement opposés. Le tout pour importer des produits comme du lait, de la viande ou du fromage qui multiplieront ainsi leurs émissions de gaz à effet de serre, déjà considérables.

Une absurdité environnementale

D’après la Commission européenne elle-même, cet accord devrait augmenter de 30 % les échanges commerciaux entre les deux parties. La distance colossale entre les signataires ne peut conduire qu’à un accroissement significatif des émissions de gaz à effet de serre. Pourtant, Bruxelles a l’audace de prétendre que cet échange « respecterait le traité de Paris sur le climat ».

Le plus scandaleux réside sans doute dans le fait que les marchandises qui arriveront jusqu’à nous sont déjà toutes produites en Europe et en France. Ce sont ainsi au minimum 100 000 tonnes de produits alimentaires tels que de la viande, du beurre, du lait, du fromage, des kiwis, des pommes, des oignons, du vin, du poisson ou des crustacés qui traverseront le monde entier pour venir inonder le marché européen, alors que l’on peut toutes les produire localement…

Un danger pour notre indépendance et notre agriculture

Il ne s’agit donc pas ici d’importer des denrées exotiques qui ne pourraient être fabriquées sur notre sol, mais bien de créer une concurrence entre l’agriculture européenne et celle de Nouvelle-Zélande ; alors que nombre des agriculteurs français sont en précarité. De la même manière, alors que 50 % de ce qui est mangé par un Français moyen est produit à l’étranger, ce processus va sans doute détériorer encore un peu plus notre indépendance alimentaire.

Ce libre-échange favorisera par ailleurs les multinationales par rapport aux petits paysans qui ne pourront pas exister. Or, ce sont ces mêmes multinationales qui n’hésitent pas à constamment profiter des diverses crises pour augmenter les prix. Leur laisser la main sur un domaine aussi crucial que l’alimentation paraît donc plus qu’irresponsable.

Un risque sanitaire ?

En outre, si les agriculteurs néo-zélandais peuvent se permettre de casser les coûts par rapport aux Européens, c’est également parce qu’ils peuvent utiliser des produits phytosanitaires interdits sur le vieux continent à cause de leurs effets néfastes sur l’être humain. Certains sont même d’ailleurs classés comme cancérogènes.

C’est le cas par exemple de l’atrazine ou le diflubenzuron qui sont proscrits chez nous, mais que l’on pourra pourtant retrouver dans nos assiettes par le biais des denrées alimentaires venues d’Océanie. Des données qui posent donc de graves questions sanitaires dont ne semblent pas se soucier les autorités européennes.

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Une trajectoire catastrophique

Cet accord pourrait être bloqué par le gouvernement français, mais les chances de voir ce scénario advenir sont quasi nulles puisque l’intégralité des eurodéputés macronistes a voté en faveur du traité.

Ce type de pacte s’inscrit, en outre, dans la droite ligne d’autres alliances déjà conclues comme le CETA avec le Canada ou celui avec le Vietnam. On pense aussi à un autre traité qui pourrait bien être signé un jour avec les pays d’Amérique latine du MERCOSUR. Ces projets d’un temps révolu, absolument incompatibles avec les enjeux actuels, semblent toutefois toujours autant attirer les dirigeants néolibéraux.

La situation est d’autant plus scandaleuse, qu’une nouvelle fois, les peuples ne seront pas consultés pour ce genre de décision qui engage pourtant l’avenir de tous. Un parfait déni de démocratie.

Alors que la COP 28, présidé par un magnat du pétrole, s’ouvre ce 30 novembre 2023, aux Émirats arabes unis (pays parmi les moins exemplaires au monde en matière de climat), et que la planète se précipite inéluctablement vers un réchauffement à près de trois degrés supplémentaires d’ici 2100, cet accord envoie un énième signal désastreux à l’humanité toute entière.

– Simon Verdière


Photo de couverture : Montage Mr Mondialisation. À gauche, la présidente de la Commission Ursula von der Leyen. Wikimedia. À droite, la Première ministre de Nouvelle-Zélande Jacinda Ardern. Wikimedia.

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