Et si nous inversions les rôles avec les animaux pour prendre leur place ? C’est ce que nous propose sans commentaire l’artiste irlandaise Barbara Daniels dans des dessins tout aussi surprenants que déroutants. À travers la série Dominion over Man (Domination sur l’Homme), elle nous invite à repenser la place des êtres humains et celle des animaux dans notre société.
« Imaginez un monde dans lequel le rôle des animaux et celui des êtres humains seraient inversés. À quoi cela ressemblerait-il ? Quel serait le sentiment d’être dominé par une autre espèce ? Mes recherches artistiques actuelles ont pour objet de répondre à ces questions et s’inspirent de situations du monde réel » explique l’artiste irlandaise Barbara Daniels sur son site.
Quand les bêtes prennent la place des êtres humains
Sans détour, elle dépeint une société dans laquelle les populations humaines seraient exploitées par les animaux pour la production de foie gras, de viande ou encore comme animaux de compagnie. Ses œuvres encouragent ainsi l’observateur à s’interroger en adoptant une nouvelle perspective, celle des opprimés. Et les questions qui en découlent sont nombreuses : pourquoi les sociétés humaines industrialisées n’accordent-t-elles que si peu d’importance à la souffrance des animaux ? Pourquoi l’humain considère-t-il toutes les autres espèces comme inférieures ? Comment se fait-il que nous acceptions de multiplier la douleur d’être sensibles, alors même que bon nombre des traitements infligés à ces êtres vont à l’encontre de nos valeurs élémentaires ?
La série a découvrir en entier sur le site de Barbara Daniel a été dessinée au crayon de bois et à l’encre sur papier aquarelle. Elle fait écho aux autres œuvres de de l’artiste à découvrir dans la vidéo ci-dessous.
Le rapport des humains aux animaux : des questions éthiques et politiques
Selon L214, 3 millions d’animaux sont tués chaque jour en France. Au niveau mondial, il a été estimé par la FAO que 60 milliards de mammifères et oiseaux et 90 milliards d’animaux marins étaient abattus chaque année. Des chiffres qui dépassent l’entendement et ne permettent que difficilement d’imaginer la violence qu’ils recèlent. En effet, l’essentiel de l’abatage se fait selon des procédés industriels, c’est-à-dire à la chaîne, sans aucun égard pour le stress et la souffrance endurés par les bêtes. L’unique mot d’ordre du « monde moderne » est celui de la rentabilité, donc la recherche d’efficacité tout au long du processus industriel au mépris de toute forme de bienveillance.
En outre, l’avidité des êtres humains pour la viande n’est pas étrangère à la catastrophe écologique en cours. D’une part, le secteur de l’élevage serait à l’origine de 14,5 % de toutes les émissions de gaz à effet de serre de source anthropique. D’autre part, la pêche vide progressivement les océans de ses poissons. Conséquence immédiate, au cours des 40 dernières années, les populations d’espèces marines ont enregistré un déclin de 39 %. Enfin, ces données ne révèlent pas d’autres violences, celles contre les animaux utilisés dans les laboratoires par exemple, ou celles provoquées par la destruction généralisées des éco-systèmes par la main humaine.
Ces chiffres rappellent que la manière dont nous nous comportons avec les animaux est une problématique éthique mais aussi hautement politique. Pourtant, les débats publics qui touchent ces questions sont particulièrement houleux, non seulement parce que ce sont des enjeux économiques colossaux qui sont en cause, mais également parce que les arguments des défenseurs de la cause animale se voient souvent rejetés au motif que toute évolution irait à l’encontre de la culture, de l’état de nature ou encore des traditions. Toutes les excuses semblent bonnes. Les œuvres de Barbara Daniels sont un pavé de plus jetés dans la mare de l’indifférence pour nous aider à sortir de cette vision binaire du monde.
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