Artisanal ou industriel, « où est passé le bon pain » ? Cette question en forme de postulat va servir de base à cette enquête belge de l’émission Questions à la Une. Celle-ci lève un coin du voile sur les pratiques douteuses employées par les grands supermarchés pour faire passer du pain précuit et congelé pour du pain frais. Elle met également en lumière la difficulté qu’ont les artisans boulangers à rivaliser financièrement avec des pains au rabais, qui ont parfois parcouru des milliers de kilomètres, et évoque la tentation qu’ont certains des derniers artisans de faire de l’industriel. Enquête !

En Belgique, on estime aujourd’hui qu’un pain sur deux est vendu en grande surface. La principale conséquence de ce phénomène est la mort programmée des petits artisans du bon pain. Les boulangeries sont en voie de disparition, l’artisanat se meurt, écrasé par le rouleau compresseur industriel. La situation n’est évidemment pas plus enviable en France comme l’a démontré un reportage France 5 proposé dernièrement. Les pratiques industrielles étant pratiquement similaires partout, l’exemple belge décrit dans ce reportage est riche d’enseignement pour tous.

Pour séduire de plus en plus de consommateurs, les supermarchés abusent de leur ignorance concernant la provenance et la fabrication du pain. A grand renfort d’opérations marketings, ils font valoir que leur pain vendu est frais et artisanal. Pourtant, cette enquête démontrera les petites subtilités qui permettent à ces enseignes de duper ses potentiels clients tout en restant dans la plus parfaite légalité.

macaron

La lorraine, la plus grande entreprise de fabrication de pain en Belgique, est prise en exemple. Elle fabrique 300 à 400.000 pains, 1 millions de sandwichs et nourrit 2 millions de personnes par jour. Elle a développé une technique ingénieuse qui permet de cuire à 80% le pain avant de le congeler durant des jours et de l’envoyer aux enseignes clientes comme Carrefour ou Delhaize. Celles-ci n’ont plus qu’à finir la cuisson, en fonction de la demande client et apposent alors des étiquettes aux vérités approximatives du type : « Pain frais du jour », « pains cuit sur place ». Impossible d’y voir clair.

Le document nous apprend également que des industriels, mêmes étrangers, aguichent les artisans et boulangeries à l’aide de catalogues de produits préfabriqués à bas prix. Beaux, raffinés, appétissants, impossible de distinguer à l’œil nu un gâteau usiné d’un fait maison. L’enquête va même jusqu’à révéler l’existence de catalogues entièrement rédigés en chinois. En effet, le plus souvent congelé, le préfabriqué peut venir de loin, peut-être même de très loin.

Avec cette enquête, Questions à la une soulève un lièvre qui permet de se rendre compte à quel point il est important, en fonction de ses possibilités, de faire vivre les petits artisans locaux qui ont à cœur et pour toute passion de proposer des produits de qualité, tant sur plan gustatif que nutritionnel, quand du côté des supermarchés, le goût et l’aspect nutritionnel est généralement sacrifié sur l’autel de la rentabilité. À vos choix éclairés !


Source : www.rtbf.be

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