On en avait la suspicion, une nouvelle étude scientifique vient de le confirmer : les crèmes solaires industrielles détruisent les récifs coralliens à petit feu et, par conséquent, la biodiversité de ces milieux fragiles et uniques.

Ce sont les chercheurs de l’université polytechnique d’Ancône qui l’affirment, les récifs coralliens sont directement menacés par les crèmes solaires et ce qu’elles contiennent. À ce jour, plusieurs causes sont pointées du doigt dans la détérioration inquiétante de ce patrimoine naturel fragile dont de nombreuses espèces dépendent. On cite notamment les activités locales touristiques, les rejets industriels, le pillage commercial, l’acidification des océans, l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère, etc… Mais voilà, des scientifiques italiens viennent d’établir que les crèmes solaires menaceraient de disparition près de 10% des coraux à elles-seules. Ces crèmes joueraient ainsi un rôle bien plus central dans cette crise écologique qu’on ne l’imaginait.

AAP Image / Tourism and Events Queensland, Richard Fitzpatrick

Chaque année, près de 14 000 tonnes de lotion solaire finiraient dans les zones des récifs coralliens. Ceux-ci contiennent généralement des ingrédients chimiques organiques comme l’oxybenzone, du parabène ou encore des dérivés de camphre (la liste est longue). Ces éléments nourrissent des virus qui s’attaquent aux algues zooxanthelles sans lesquelles le corail ne peut vivre. Jouant un rôle essentiel dans le métabolisme des coraux, la disparition de ces micro-algues entraine leur blanchiment et leur mort. « Nous avons déjà perdu 80% des récifs dans les Caraïbes » explique Craig Downs, co-auteur de l’étude. Pour tirer cette conclusion, les chercheurs ont étudié les coraux du monde entier depuis les Îles Vierges jusqu’à Hawaï en passant par Israël.

On notera que cette situation dramatique résulte à nouveau d’un vide juridique qui profite à des sociétés peu scrupuleuses ou tout simplement inconscientes. En effet, les alternatives ne manquent pas. Il existe déjà sur le marché des lotions solaires « reef friendly » (sans dommage sur le corail) fabriquées à partir de minéraux naturels. Pour protéger les récifs, les associations recommandent d’utiliser ces huiles alternatives. Dans les régions touristiques où se situent ces récifs coralliens, la survie de l’économie locale dépend directement des coraux. Les commerces locaux auraient spontanément commencé à bannir les crèmes solaires « non-bio » de leurs étales.

Sur le terrain, de nombreuses ONG tentent d’apporter leur pierre à l’édifice en créant des zones protégées et en restaurant les récifs endommagés. C’est notamment le cas de Coral Guardian qui s’affaire activement dans les Îles Gili à le reconstitution des coraux avec des résultats étonnants. Peut-on cependant espérer une future législation contraignante afin que les crèmes solaires incriminées soient interdites avant que les derniers récifs ne rejoignent la liste des patrimoines biologiques disparus ?


Source : npr.org / futura-sciences.com

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