Occupant depuis peu la troisième marche du podium européen en matière de culture biologique en Europe, la France, avec ses plus de 1,12 million d’hectares à travers 26 000 fermes, est en phase d’instaurer un idéal de production à destination des consommateurs exigeants. Un métier dont on parle peu, le maraîchage biologique, est aujourd’hui pointé du doigt par une étude venue interroger cette minorité d’agriculteurs chez qui la qualité passe avant la quantité. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : malgré les contraintes, le temps de travail élevé et le faible niveau de revenus, 85 % d’entre eux s’estiment épanouis.
Avec des semaines pouvant atteindre jusqu’à 59 heures en haute saison, soit 21,5h de plus que la moyenne de travail en France, on pourrait penser qu’être agriculteur, et plus particulièrement dans le biologique, n’est pas une mince affaire. Au-delà de toute attente, l’enquête de l’association GRAB HN (Groupement Régional des Agriculteurs Bio de Basse-Normandie), qui accompagne et façonne le développement des agriculteurs bios depuis plus de vingt ans, nous révèle que plus des trois quarts des exploitants interrogés semblent heureux. De manière générale, en dehors de leur lieu de travail plus proche de la nature, on les rencontre souvent derrière les étalages des marchés. Un contact direct avec la clientèle et une proximité avec les acteurs locaux qui, dans une moindre mesure, renforce leur attachement au métier et influe sur leur vision du bonheur…
Toutefois, aujourd’hui, le salaire net des maraîchers bio avoisine les 740 euros net par mois et il est rare, hormis pour les fermes ayant une plus grande ancienneté (10 ans et plus), de parvenir à dépasser le seuil de 35 000 € de chiffre d’affaires nécessaire à un revenu minimal de 1000 €. Dans cette situation précaire, c’est donc la détermination et l’engagement personnel qui prédominent. Les nouveaux entrants qui pénètrent le marché ne disposent en général que d’une surface de 2,5 ha en moyenne pour cultiver leurs terres. Ils reçoivent moins d’aides de la part de l’État et leur diplôme n’est pas toujours suffisant pour affronter la réalité technique de la production biologique dont découlera leur réussite.
Par ailleurs, nombreux sont ceux qui voient en la culture du bio une évolution positive profitable au secteur de l’emploi (un salarié réquisitionné pour couvrir un hectare) et au respect de la biodiversité. Malgré le poids des contraintes, les maraîchers bios restent généralement satisfaits de leur métier et l’exercent principalement par « passion » plus que par recherche de profit. Secteur en pleine expansion, les consommateurs sont de plus en plus attirés par le bio malgré des prix très variables en fonction du produit (d’après une étude comparative du magazine Que Choisir en 2010, on trouve une différence de 22 % entre une marque distributeur bio et une marque industrielle en termes de rapport qualité/prix) et c’est en sens que la concurrence s’intensifie. Ainsi, la transition écologique repose en grande partie sur la volonté et le courage de ces agriculteurs d’un nouveau genre qui sacrifient leur temps de vie au nom de leur idéal.
Source : entreprises.ouest-france.fr / agencebio.org / lemonde.fr / lemonde.fr / say-yess.com