Depuis quelques années, l’industrie de la mode est pointée du doigt pour son impact catastrophique sur l’environnement : pollution, gaspillage, conditions de travail déplorables… Heureusement, la prise de conscience collective a fait fleurir des initiatives concrètes à travers le monde, et notamment en France. Ne restait qu’un défi, celui de faire baisser les prix de la mode éthique et écologique pour la rendre accessible au plus grand nombre. Et c’est ainsi qu’est né le t-shirt Democratee de la marque Hopaal.
S’habiller éthique et écologique sans se ruiner, est-ce impossible ?
Si les usines textiles sont délocalisées, c’est en partie pour faire baisser le coût des produits. C’est d’ailleurs un des défis auxquels sont confrontés les créateurs qui ne veulent sacrifier ni la garantie d’un produit de qualité ni les conditions de sa fabrication. Mais alors, est-ce possible de proposer un t-shirt écologique, éthique et économique ? C’est sur ce dilemme que s’est penchée la marque Hopaal, portée par Mathieu Couacault et Clément Maulavé. Après leurs études de commerce, ils ont voulu participer au changement en créant des t-shirts et surtout « le pull du futur » 100 % recyclé et 100 % fabriqué en France, comme le détaille un article de Mr. Mondialisation de 2017.
Le prix reste un problème pour rendre la mode responsable et locale accessible à tous. Les petits prix sont en partie ce qui a causé l’aberration de la Fast-Fashion et du gaspillage avec 20 kilos de vêtements neufs achetés par personne et par année, en sachant que 70 % de nos garde-robes ne seraient pas portés. Malgré ça, le porte-monnaie reste un enjeu essentiel pour inciter à consommer d’une façon plus éthique. Et les industriels le savent bien. Tous les coups sont bons pour faire pression sur les prix et contrôler le marché.
C’est là qu’entre en scène DemocraTee. Conçu pour être le plus simple et polyvalent possible, il revendique un prix défiant toute concurrence dans le secteur du vêtement éthique/local : 24 €. Disponible en deux coupes, et en deux couleurs (noir et beige), la division de chaque part du prix est totalement transparente. Comme les autres produits de leur gamme, ils sont majoritairement fabriqués en France. Seul le fil vient d’Allemagne, avant d’être tissé à Moreuil et enfin découpé et assemblé à Riorges. Pour économiser cette matière première gourmande en eau, ce t-shirt intemporel est fait à partir d’un mélange de coton bio et recyclé.
Le secret de leur prix aussi doux par rapport à d’autres marques françaises, comme Le T-shirt Propre qui avoisine les 40 euros, est qu’ils sont fabriqués dans les locaux de fabricants qui couvrent les charges d’entreprises, comme les loyers ou les prototypes ratés. Ne reste que le prix des matières premières et de la préparation des colis à supporter. C’est aussi pour cela que pour le moment, le t-shirt ne va être disponible que par vagues de précommandes. Impossible d’envisager une production à large échelle dans ces conditions.
Une des industries les plus polluantes au monde
C’est un des sujets au cœur des débats autour de la transition écologique des foyers : l’habillement. Au rythme des études sur le sujet et des drames survenus dans les usines textiles à l’autre bout du monde, les citoyens découvrent une industrie qui cristallise les pires abus du capitalisme libéral. L’ONG Greenpeace rappelle qu’elle est la principale cause de la pollution des trois quarts des cours d’eau chinois. Elle alerte sur la présence de composés chimiques comme l’alkylphénol et le perfluorocarbure qui, même à très faibles doses, perturbent le fonctionnement hormonal des êtres vivants, et s’accumulent dans la chaîne alimentaire. Des alternatives concrètes, il nous en faut donc.
Le textile est aussi une industrie fortement délocalisée dans des pays qui ne peuvent garantir des conditions de travail dignes et sécuritaires. Comme ça a été le cas lors du drame du Rana Plaza, où l’effondrement d’un atelier du Bangladesh qui travaillait pour des marques européennes comme l’Espagnol Mango et l’Irlandais Primark a couté la vie à au moins 1 135 personnes. Heureusement, des alternatives existent d’ores et déjà pour freiner ce désastre. Cependant, celles-ci ne doivent pas devenir les boucs émissaires d’une nouvelle croissance aveugle. Ce type de consommation doit s’accompagner d’une modération volontaire et si possible d’incitants structurels des autorités.
Un projet financé collectivement
Pour financer leur DemocraTee, Hopaal a lancé une campagne de financement participatif sur la plateforme Ulule. Il ne reste qu’une vingtaine de jours si vous voulez précommander un ou plusieurs t-shirt. À ce stade, leur objectif a littéralement été explosé avec des commandes 1000% au dessus des projections.
Vous pouvez aussi les retrouver sur la plateforme de produits équitables Wedressfair, qui a fait lui aussi l’objet d’un article sur Mr Mondialisation. Elle recence de façon transparente et intuitive les marques ayant choisi de réduire leur impact environnemental et d’améliorer leur impact social.
C.G.