Une équipe de chercheurs français vient de découvrir que les méduses ont la capacité de piéger les nanoparticules synthétiques présentes dans l’eau. Une observation qui pourrait s’avérer rédemptrice à l’heure même où ces nanoparticules envahissent notre quotidien, jusque dans nos assiettes, sans véritablement alarmer le monde des décideurs…
Vous ne le savez sans doute pas, mais les nanoparticules envahissent notre quotidien depuis quelques années dans une opacité la plus totale. De plus en plus utilisés dans les produits du quotidien, même dans l’alimentaire, ces éléments infiniment petits peuvent s’insinuer jusqu’au cœur des cellules des organismes, ce qui rend leur traçabilité ou leur filtration très difficile. L’impact sur l’environnement et la santé n’est pas encore connu et leur effet cocktail encore moins.
Les méduses à la rescousse
Une fois n’est pas coutume, faute d’action préventive de la part du monde politique (libre échange oblige), la lutte contre les nanoparticules semblent se porter en aval de la consommation, au même titre que la dispersion du plastique dans les océans. Problème, ces particules sont tellement petites, inférieures à 100 nm environ, qu’elles sont pratiquement infiltrables. Une problématique de taille que les chercheurs tentent de résoudre notamment en s’inspirant des compétences naturelles de la nature. C’est ainsi que des chercheurs bordelais et marseillais vont mettre en évidence que le mucus de méduses pouvait constituer un filtre naturel capable de débarrasser les eaux des nanoparticules.
Source : Turritopsis Nutricula (notre-planete.info)
À l’origine de la découverte, la fabrication d’hydrogel artificiel capable de piéger les nanoparticules par l’équipe ChemBioMed du laboratoire InsermARN et des biologistes de l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale (IMBE). Le problème de ce matériau, c’est un prix particulièrement élevé qui empêche son utilisation pratique. C’est alors que Alain Thiéry et Fabien Lombard vont se pencher sur l’alternative des méduses dont les propriétés bio-accumulatrices avaient déjà été observées. C’est ainsi qu’ils découvrent que ces méduses secrétent un mucus particulier quand elles sont soumises à un stress. Un composé naturel qui va s’avérer capable de piéger les nanoparticules de l’eau.
« Ce mucus est composé d’un réseau très dense de molécules de type oligosaccharides et peptines, qui piège les nanoparticules et les retient. Elles s’y agrègent, précipitent et il est alors possible de les récupérer », explique Philippe Barthélémy sur le site de l’Inserm. Si les chercheurs ignorent à ce stade comment reproduire à grande échelle ce mucus, l’intérêt environnemental de ces méduses risque de rapidement de devenir essentiel, par exemple, au niveau des stations d’épuration. La bonne nouvelle, c’est que plusieurs espèces de méduses pullulent dans les océans et leur surnombre déséquilibrerait plusieurs écosystèmes marins.
Les nanoparticules, nouveau scandale éco-sanitaire en approche ?
À ce jour, les autorités baignent en pleine incertitude concernant les risques sanitaires des nanotechnologies. Au niveau européen, alors qu’une obligation d’étiquetage devait entrer en vigueur pour Noël 2014 (comme si les étiquetages chantaient quoi que ce soit), son application fut reculée sous la pression des lobbies industriels qui craignent une confusion chez le consommateur.
Les associations de consommateurs tirent la sonnette d’alarme. Elles pointent notamment du doigts l’utilisation du carbonate de calcium (E170), du dioxyde de titane (E171) (vinaigrettes, enrobage blanc des confiseries et chewing-gums) et de l’oxyde de fer dans l’alimentaire. De leur coté, les institutions européennes continuent de débattre pour trouver le compromis qui entachera au moins l’économie…
Source : 60millions-mag.com / france3-regions.francetvinfo.fr / rse-magazine.com / inserm.fr