Selon une étude publiée par la revue Science le 30 juin 2016, le trou dans la couche d’ozone serait en train de se résorber. La découverte du trou au niveau des pôles avait provoqué dans les années 1970 une certaine inquiétude parmi les scientifiques. Le constat avait incité une réaction rapide de la part de la communauté internationale, qui s’est alors décidée à réguler l’utilisation des gaz à l’origine de ce dérèglement. Ce succès prouve que l’action coordonnée de la communauté internationale peut aboutir à des résultats positifs en matière de protection de l’environnement quand l’engagement est réel et concret. Un exemple pour la lutte contre le changement climatique ?

Une équipe de recherche dirigée par la chimiste américaine Susan Salomon, professeur au Massachusetts Institute of Technologys a conclu dans une étude récente que le trou dans la couche d’ozone était en train de disparaître. Selon les mesures effectuée, le trou aurait diminué de 4 millions de kilomètres carrés. Cependant, les chercheurs tiennent à rester prudent : ils évoquent « un début de résorption », mais insistent sur la nécessité de continuer les observations pour pouvoir confirmer ces premiers résultats.

En pratique, la couche d’ozone protège les êtres vivants des rayons ultraviolets émis par le soleil et en particulier des rayons UV-B, particulièrement dangereux. Ces rayons peuvent provoquer des cancers de la peau et favoriser l’apparition de la cataracte. S’il était nécessaire de le préciser, le phénomène est donc totalement différent du réchauffement climatique même si certaines causes sont communes.

ozone_coucheNASA/Goddard Space Flight Center

De la destruction de la couche d’ozone au protocole de Montréal

L’ozone est un gaz qui se trouve majoritairement dans la stratosphère, située entre 20 et 40 kilomètres d’altitude. Sa destruction est provoquée par l’émission de composants chlorés et bromés. L’un des principaux coupables : les chlorofluorocarbures (CFC), dont la durée de vie s’élève environ à 100 ans, ce qui provoque leur accumulation dans l’atmosphère. Après la seconde guerre mondiale, les industriels en font un usage important. Leurs propriétés les rendent utile dans la construction de systèmes de refroidissement, comme les climatisations et les réfrigérateurs. Les CFC étaient également fréquemment présents dans de nombreux sprays.

A partir du milieu des années 1970, des scientifiques révèlent qu’à certaines périodes de l’année la couche d’ozone s’amincit au niveau des pôles, en particulier en Antarctique. Ce phénomène est provoqué à températures très basses, par une dissociation de l’ozone en oxygène, sous l’action des CFC. Cela explique la formation du « trou » visible au niveau de l’antarctique et la fluctuation de sa taille au fil des saisons.

En réaction à ce phénomène, en 1987, une quarantaine de pays signent le protocole de Montréal, suivis par l’ensemble de la communauté internationale. Ce protocole aboutit rapidement à des résultats concrets. En effet, l’usage des CFC a été entièrement bannis dans les pays développés depuis 1997 (hormis pour des usages scientifiques et médicaux). En 2010, les pays en voie de développement atteignent également cet objectif. Au total, la concentration des CFC dans l’atmosphère a ainsi diminué de 10 à 15% par rapport à la fin des années 1990. En conséquence de cet effort commun, des améliorations sont observées dès le début des années 2000, tendance confirmée par la nouvelle étude du Professeur Salomon. Les scientifiques estiment que le trou devrait être entièrement résorbé d’ici la moitié du siècle.

Les lobbies réfractaires à une régulation

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Hier comme aujourd’hui, les lobbies industriels témoignent une grande réticence, lorsqu’il s’agit de réglementer l’usage de substances sur lesquelles reposent leurs activités. La découverte du trou et le lien avéré avec les composants chlorés et bromés n’a pas échappé à cette règle. Suite à la parution de la première étude importante à ce sujet1, les producteurs et utilisateurs de CFC ont mené dans les années 1970 une lutte acharnée contre toute forme de régulation. Dans le livre Les marchands de doute, Naomi Oreske et Erik M. Conway montrent comment industriels et lobbies ont alimenté de manière volontaire et organisée des controverses scientifiques sur cet enjeux de société.

En l’espèce Fred Singer, professeur en Sciences de l’environnement qui s’est par ailleurs distingué en remettant en question les effets négatifs du tabac sur la santé, a joué un rôle essentiel. Selon lui, les chercheurs publiait volontairement des données inquiétantes, afin d’obtenir des aides à la recherche. De surcroît, il a répandu l’idée selon laquelle ceux qui étaient à l’origine de l’alerte poursuivaient principalement un but politique (taxes écologiques, complots, etc..). Il écrit ainsi, à propos de ce débat : « qu’il y avait aussi sans doute, ceux avec leur propre agenda caché, pas seulement pour “sauver l’environnement”, mais aussi pour changer notre système économique. Certains de ces “utopistes coercitifs” sont des communistes, d’autres sont des luddites qui détestent la technologie, et la plupart ont un grand désir de régulation à l’échelle la plus large possible ». Une tentative évidente de discréditer une information en déportant le débat sur un sujet sensible et pouvant diviser l’opinion publique par la confusion.

La lutte pour la préservation de la biosphère se heurte à des intérêts divergents. Cependant, il est avéré, qu’en l’absence du protocole de Montréal, l’ensemble de la couche d’ozone serait aujourd’hui détruite. Pourtant, comme le soulignent Les décodeurs du Monde, le protocole a poussé les industriels à se tourner vers des alternatives aux CFC, notamment les hydrofluorocarbures, qui sont des gaz à effet de serre, déplaçant ainsi le problème. Aujourd’hui, le monde doit faire face à une toute autre problématique : le changement climatique. À nouveau, de grandes réunions mondiales se succèdent, mais contrairement aux CFC, ce sont les énergies fossiles qui sont la source du problème. Et, pour ne pas déroger à la règle, les mêmes industriels prétendent à nouveau que tout va bien dans le meilleur des mondes, finançant largement le climatoscepticisme.

La lutte pour la protection de l’environnement est décidément loin d’être terminée.

Revoir « Le Réveilleur : pour en finir avec les climato-sceptiques et l’obscurantisme »

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Sources : actu-environnement.fr / capitolreader.com / ciesin.org / lemonde.fr

1 Molina & Rowland, Stratospheric Sink for Chlorofluoromethanes, 1974

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