Les grandes marques de prêt-à-porter continuent de faire mauvaise presse. Cette fois-ci, c’est un nouveau rapport publié cet été qui pointe le lien entre les grandes marques et des pollutions générées par des entreprises qui les alimentent en viscose. Produit à partir de fibres végétales, ce textile est souvent présenté comme écologique. Mais aujourd’hui, son processus de fabrication est la source d’importantes pollutions, notamment en raison de l’utilisation d’éléments chimiques très nocifs pour les humains et l’environnement. La Changing Market Foundation*, auteur de l’étude, souligne la part de responsabilité de H&M, Zara ou encore M&S, qui ferment les yeux.

L’industrie de la mode est reconnue pour être l’une des plus polluantes de la planète, et sur un marché où la demande continue de croître, avec des saisons vestimentaires de plus en plus courtes, la question devient préoccupante à une échelle globale. Pour cause, l’étude des chaînes d’approvisionnement montre que la recherche de prix toujours plus bas se fait souvent au détriment de l’environnement et de la santé humaine.

Ainsi, selon la Changing Markets Foundation, les géants de la mode traitent avec des entreprises à l’origine d’importantes pollutions en Chine, en Inde et en Indonésie. Critiquées en raison des pollutions générées par la production de coton ou de bois, les marques de prêt-à-porter se sont tournées vers le viscose. Le viscose, appelé aussi soie artificielle, est un textile végétal à l’origine, désormais produit de manière artificielle à grande échelle. Or, la production industrielle de ce textile soulève des doutes. Dans le rapport « Dirty Fashion », la fondation expose les conséquences de l’augmentation de la demande.

Photographie : Changing Markets Foundation. Rejets d’eau polluée proche d’une usine de production de viscose en Chine.

Des produits chimiques déversés dans la nature

En effet, le viscose est un textile à l’origine produit à partir de plantes qui est souvent présenté comme alternative éco-responsable pour les consommateurs. Mais à ce jour, sa production industrielle se fait par l’intermédiaire de procédés particulièrement gourmands en intrants chimiques, selon la Changing Markets Foundation. Ainsi, les produits que l’on retrouve sur le marché, sont généralement obtenus grâce à processus « hautement chimique ». Intervient notamment du disulfure de carbone, dont les dangers pour l’environnement et la santé ont été démontrés.

Or, les auteurs de l’étude ont pu observer que les entreprises productrices déversaient souvent les eaux usées – et donc chimiquement chargées – directement dans les rivières et lacs, causant d’importants dégâts, notamment la mort de poissons ou l’empoisonnement des riverains. Les niveaux de disulfure de carbone, solvant hautement volatil et inflammable, sont jusqu’à trois fois supérieurs aux normes, indique également la fondation. Dans les usines, les ouvriers ne sont pas équipés convenablement :  en l’absence de protections adéquates, certains sont « directement exposés aux produits chimiques toxiques ». Les auteurs du rapport ont pu observer que dans les régions concernées, les conditions de vie des habitants se dégradaient : ils craignent de boire dans leurs propres puits et, dans certains lieux, une augmentation du nombre de cancers a pu être notée.

Photographie : Muhammad Fajar Fauzan. Sacs de viscose dans une usine en Indonésie.

Changing Market Fondation demande que cesse l’usage de disulfure de carbone

À la suite de la publication du rapport, H&M a assuré être en contact avec un consultant externe pour évaluer sa chaine d’approvisionnement. M&S s’est pour sa part défendu d’encourager les fabricants auprès desquelles la marque s’approvisionne à élever leurs standards. Mais alors que les scandales dans lesquels est impliquée l’industrie de la mode se suivent et se ressemblent tristement années après années, les comptes y sont-ils vraiment ?

Natasha Hurley, chargée de campagne pour la Changing Market Foundation note que la transparence n’est pas toujours une garantie de bonne conduite. Elle explique au Guardian qu’une part de la responsabilité revient aux producteurs de viscose eux-mêmes. Néanmoins, elle souligne « qu’il est de plus en plus clair que les racheteurs mettent une grande pression sur les fabricants, et leur demandent de réduire les coûts, de livrer plus rapidement ». Par ailleurs « la pression venant des marques crée une situation insoutenable du point de vu social et environnemental ». La situation est donc à la fois le fruit des pressions des marques sur le prix et de l’indifférence des producteurs ET des consommateurs, chacun se rejetant la balle dans une danse funeste.

En l’attente de véritables changements, la conclusion reste la même : toujours à la recherche de nouveaux gains, l’industrie du textile profite inlassablement des standards environnementaux peu élevés dans les pays producteurs.


*La Changing Makret Foundation a été créée pour accélérer et propager des solutions soutenables en se servant de l’économie comme levier. Elle défend la position qu’il faut cesser de soutenir les entreprises qui portent atteinte à la société. Elle entend participer au changement en venant en aide aux campagne d’ONG et d’ associations de terrain, ainsi que par l’intermédiaire de la recherche, dans un but informatif.

Sources : changingmarkets.org / theguardians.com / independent.co.uk

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