Mais qui va sauver le monde ? La jeune génération consciente ? Pour un documentaire Arte en partenariat avec TED, Flore Vasseur est partie à la rencontre de deux jeunes filles balinaises qui comptent bien enrayer l’engrenage immonde de la pollution des océans. Melati et Isabel ont lancé il y a déjà trois ans l’initiative « Bye Bye Plastic Bags », qui jouit aujourd’hui d’une exposition internationale et inspire de plus en plus de jeunes gens à travers le monde. Retour sur un projet prêt à déplacer les montagnes de plastique qui se trouvent au fond de nos océans.

Une initiative au succès fulgurant, imaginée par deux fillettes

Elles ont quinze et treize ans, et elles s’attèlent déjà à faire du monde de demain un endroit meilleur et plus humain. Melati et Isabel Wijsen ont lancé en 2013 l’association « Bye Bye Plastic bags », dont le nom résume bien l’objectif que ce sont donné les jeunes filles : éliminer de l’île la pollution liée à l’utilisation massive de sacs plastique. Pour ce faire, Melati et Isabel ont choisi de ne pas tergiverser : elles avancent sûres d’elles et réclament purement et simplement l’interdiction totale des sacs plastiques à Bali. Une réclamation qui est en voie de se concrétiser par la mise en place d’une loi qui interdira bientôt, si tout va bien, l’usage de ces sacs, et que l’on doit à la force de persuasion incroyable des deux jeunes filles qui ont fait plier le gouverneur balinais.

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Image : ROLE Foundation / rolefoundation.org

Pour parvenir à ce résultat, Melati et Isabel n’y sont pas allées par quatre chemins : grève de la faim, appel aux médias, utilisation massive des réseaux sociaux pour sensibiliser un maximum de personnes à leur cause et au problème de la pollution plastique. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que leurs efforts ont payé : reçues en Juin 2015 par le gouvernement balinais, la confirmation qu’une loi visant à éradiquer les déchets plastiques serait promulguée d’ici à 2018 leur a été donnée… Il faut dire que deux enfants faisant grève de la faim pour préserver leur pays, c’est un symbole fort qui ne pouvait pas être nié par des autorités.

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Image : Bye Bye Plastic Bags / byebyeplasticbags.org

Aujourd’hui, et en seulement trois années, Bye Bye Plastic Bags a réussi à s’attirer les faveurs d’acteurs locaux et même internationaux à une vitesse insensée. En mai 2014, les fillettes rencontraient déjà le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki Moon. Un an plus tard, une campagne visant à inciter les commerçants de l’île à abandonner les sacs plastiques, « One Island, one Voice », était lancée. Utilisant la méthode efficace du name and shame, elle permet aux commerces participant d’afficher fièrement leur engagement citoyen alors que les autres doivent porter la honte sur leurs épaules. Dès janvier 2016, pas moins de treize pays différents témoignaient de leur intérêt à mettre en place et à participer à des structures inspirées ou directement liées à Bye Bye Plastic Bags. Plus récemment, Melati et Isabel ont parcouru les écoles australiennes de Sydney et Melbourne afin de lancer officiellement Bye Bye Plastic Bags Australie ! Rien ne semble décidément les arrêter.

Mettre en place de nouveaux paradigmes éducatifs et sociétaux pour éviter l’asphyxie sous plastique

Et l’enjeu est à la taille de la soif de réussite et de changement des jeunes filles. Si l’on connaît Bali pour ses plages paradisiaques, son sable fin et ses eaux turquoises, on mésestime bien souvent l’impact sur l’île d’un tourisme foisonnant, un peu plus massif chaque année, et peu regardant envers l’environnement. Résultat : des plages souillées par les détritus, des surfeurs qui se retrouvent à nager au milieu des déchets, et une image de l’île qui risque d’en pâtir. Le tourisme et la consommation de masse qui opèrent à Bali ont des conséquences catastrophiques, et ne menacent pas que l’économie des îles de l’archipel indonésien.

Symptôme de l’époque et de la surconsommation qui menace et rend malade tous nos écosystèmes, la pollution plastique à Bali témoigne d’une tendance généralisée d’irrespect de l’environnement. Flore Vasseur nous rappelle d’ailleurs à ce titre que d’ici à 2050, les océans du monde entier pourraient contenir davantage de déchets plastiques que de poissons. La perspective fait froid dans le dos, et réitère la nécessité de prendre en compte la fragilité de nos ressources, mais aussi le devoir immédiat d’agir pour les préserver…

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Image : Bye Bye Plastic Bags / byebyeplasticbags.org

Pour parvenir à un consensus écologique, la sensibilisation et l’éducation des jeunes générations restent les moyens les plus sûrs de retarder l’extinction qui nous guette. Conscientes de l’enjeu qui se cache derrière l’information et la prévention, Melati et Isabel cherchent aujourd’hui à partager l’éducation qu’elles ont reçue avec les enfants du monde entier. Il faut dire que les deux jeunes filles ont été chanceuses : elles ont profité des cours prodigués par une école d’un nouveau genre, la Green School de Bali. L’enseignement y est dit « alternatif », et se concentre sur un apprentissage adapté à chaque enfant, qui encourage le développement des talents spécifiques à chacun. Le thème du développement durable et la connaissance de l’environnement, ainsi que les clés pour l’appréhender et l’aimer, sont centraux. Parmi les premières à bénéficier de cette éducation, Melati et Isabel semblent en tout cas en bonne voie pour incarner le changement qu’elles espèrent voir dans ce monde.

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Image : Bye Bye Plastic Bags / byebyeplasticbags.org

Sources : Arte.tv / Byebyeplasticbags.org

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