Il y a un peu plus de deux ans, les États du monde se réunissaient à Paris pour trouver un accord pour empêcher une hausse des températures au delà des 2° par rapport à l’ère préindustrielle, et si possible 1,5° afin de limiter les dégâts. Dans un document de travail fuité du GIEC, base d’un rapport qui sera publié en octobre, les experts de l’ONU se montrent particulièrement pessimistes quant à la possibilité d’atteindre cet objectif. Si l’humanité souhaite encore empêcher un tel scénario, il faudra un effort sans précédent pour se passer des énergies fossiles. Mais peut-on vraiment croire que les Etats prendront aujourd’hui leurs responsabilités, alors qu’ils ont repoussé la question devant eux pendant des dizaines d’années ?

Le prochain rapport du GIEC, à paraître en octobre, était censé présenter les leviers pour éviter une hausse des températures globales au delà des 1,5° par rapport à l’ère préindustrielle. Alors qu’une première version des données a fuité dans les médias (elle pourra être sensiblement modifiée d’ici la publication officielle), c’est un scénario catastrophe qui se dessine entre les lignes. En effet, il est désormais peu probable que les objectifs des accords de Paris, qui sont de limiter la hausse des températures « bien en dessous de °C par rapport aux niveaux préindustriels » et si possible de viser à « poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5 °C » d’ici 2100 puissent être atteints.

« peu probable que les objectifs des accords de Paris puissent être atteints »

Climate Change #001Scénario catastrophe confirmé ?

Au regard des émissions de carbone actuelles (dont la quantité globale est répartie à la hausse) « il existe un risque élevé que l’augmentation des températures dépassera les 1,5° par rapport à l’ère industriels » dans les prochaines décennies. Pour espérer maintenir les températures globales à des niveaux « raisonnables », il faudrait que les émissions de dioxyde de carbone baissent rapidement, beaucoup trop rapidement pour que ceci soit réalisable vu le contexte économique actuel. Notons, par ailleurs, qu’une augmentation globale de 1,5° signifierait en réalité une hausse bien plus importante des températures sur les terres (les océans ayant une plus forte inertie). Enfin, certaines régions du monde seront bien plus touchées et verront leurs températures moyennes augmenter trois fois plus qu’ailleurs, devenant parfois invivables pour les populations humaines.

Dans ce contexte, les catastrophes climatiques risquent d’être encore plus puissantes, générant des coûts économiques et humains importants. Les populations seront soumises à un risque accru de sécheresses, tempêtes violentes et feu de forêt. Le GIEC note par ailleurs qu’une hausse des températures globales de 1,5° aura des conséquences pour tous les habitants de la planète, indépendamment du niveau de développement des pays dans lesquels ils vivent. Enfin, quel que soit le scénario, le niveau des mers et des océans continuera de s’élever pendant des siècles, avertissent les scientifiques. Ces changements font également peser de graves menaces sur la biodiversité, notamment marine, en raison du phénomène d’acidification et d’hypoxie (les zones mortes se multiplient déjà aujourd’hui, comme le constatait dernièrement une étude planétaire). Au rythme actuel des émissions, la barre des 1,5° supplémentaires sera franchie dès 2040 environ.

Climate change and displacementL’objectif des 1,5° inatteignable sans un effort mondial inédit

Les constats scientifiques sont autant de mises en gardes aux gouvernements et leurs représentants, qui ont échoué à ce jour à mettre en place des accords contraignants afin de lutter contre le changement climatique et ses conséquences. Faute d’une véritable baisse des émissions, les populations de nombreuses parties du globe, si ce n’est l’humanité dans son ensemble, sont mises en danger. Les conséquences de ces perturbations touchent déjà les populations les plus vulnérables des pays du Sud, font croître les inégalités et font craindre la déstabilisation géo-politique de régions entières. 

Néanmoins, le rapport n’exclut pas la possibilité, aussi infime soit-elle, de maintenir le réchauffement en dessous de 1,5°. Encore faudrait-il que les États du monde s’accordent immédiatement afin de coopérer dans cette lutte. Trois leviers sont évoqués pour atteindre cet objectif. Il faudrait réduire la demande énergétique des bâtiments, de l’industrie et des transports et réduire l’incidence climatique des énergies dont nous dépendons mais aussi celle de l’agriculture. Le GIEC préconise également le développement de technologies de captage de carbone. En d’autres mots, seule une rupture immédiate et radicale avec le modèle économique actuel pourrait nous sortir de l’impasse. Qui souhaite remettre en question la centralité de la croissance économique lève la main.


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