Par centaines de millions, par milliards même, les usagers d’Internet visitent quotidiennement YouTube, achètent sur Amazon, font des recherches sur Google, s’envoient des courriels à partir de GMail ou communiquent sur leur intimité sur Facebook. Sans jamais penser que leur navigation, leurs préférences (les likes sur Facebook ou YouTube par exemple), leurs choix, leurs recherches, dévoilent ainsi gratuitement beaucoup de leur choix de consommation à des entreprises privées. Mais alors, comment le système fonctionne ? Une vidéo explique la chose simplement : « si c’est gratuit, vous êtes le produit » … et que votre usage d’Internet a une valeur marchande.

En pleine guerre froide, diverses œuvres d’anticipation imaginaient un futur effroyable. De 1984 ou Alphaville à Fahrenheit 451, en passant par Soleil Vert, un futur discrètement totalitaire, où la liberté des individus et des sociétés étaient écrasées par la violence d’État et la technique. Ce que ne prévoyaient pas leurs auteurs, c’est que viendrait une époque – et c’est la nôtre – où, sans aucune violence aucune (du moins pas dans les cités occidentalisées), les individus accepteraient la violation de leur vie privée et sa mise sur la place publique, d’une façon enthousiaste… et même active. C’est aujourd’hui chose faite, et plus personne ne s’en offusque.

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Qu’il s’agisse de toute une vague de blogs nombrilistes, de Facebook, de la presse voyeuriste dite « People », de la téléréalité ou de la vie privée des dirigeants politiques, de plus en plus exhibée (souvent volontairement), c’est une tendance de fond où communient célébrités et inconnus. Plus spécifiquement, la navigation Internet fournit des données aux grandes compagnies, autant qu’aux services de renseignements de certains pays, qui en tirent le plus grand profit. Et le plus tristement comique est que ceci est obtenu sans aucune force de coercition ou d’espionnage comme au temps de la Stasi : ce sont en effet les consommateurs d’Internet eux-mêmes qui fournissent, en toute innocence (ou indifférence) tous les renseignements que pourraient désirer le grand capital et les renseignements.

En un sens, l’idéal totalitaire, dans ce qu’il comporte de violation de la privacité, se réalise sous nos yeux avec notre participation. C’est ce qu’on appelle le Big Data. L’enjeu ? Collecter toutes les informations possibles relatives à vos achats, voyages, affinités, goûts et déviances, pour anticiper vos comportements de consommateur et cibler les publicités. La dépendance addictive aux technologies, la simple ignorance de la collecte des données personnelles, autant que les protestations contre la censure qu’applique Facebook font oublier que « si c’est gratuit, vous êtes le produit ».

Il n’est donc pas question de juger ou pointer du doigt les utilisateurs (dont nous faisons partie). Le fait d’être conscients et informés est déjà une première étape pour changer nos comportements d’internautes sans nécessairement aller se terrer dans une grotte. C’est le propos, léger, comique et didactique, de cette vidéo qui contribue à nous rappeler que YouTube, Google ou Facebook (inévitables pour beaucoup d’entre nous) ne sont pas des services publics fournis par les États et payés par les impôts de tous, mais des entreprises privées qui cherchent à rentabiliser nos informations. Et des entreprises d’une prodigieuse richesse, car disposant d’une denrée particulièrement précieuse : notre vie privée, dont ces compagnies – entre autres – font leur beurre. À ce titre, les communautés « sincères » en souffrent également, étant régulièrement invitées à payer de plus en plus cher pour garder en visibilité sur des réseaux comme Facebook.

Or, non seulement nous ignorons ce que ces compagnies multimilliardaires font de notre privacité, mais si nous pouvons observer comment nos recherches et consultations influencent le ciblage publicitaire, nous ignorons l’usage politique qui pourrait en être fait. Cette marchandisation de données privées n’exclut pas, à l’avenir, un usage liberticide contre les citoyens les plus politisés. Que chacun, dès lors, en tire la conclusion : en préférant le moteur de recherche Lilo (qui en plus contribue à financer des projets positifs) ou DuckDuckGo (qui offre des dons à des projets open source) à Google; en quittant Facebook au profit de Diaspora; ou encore en remplaçant Google Chrome par Mozilla Firefox ; en s’abonnant à un service VPN pour crypter ses informations de navigation, ou en se renseignant enfin sur l’art de protéger ses données personnelles… (entre autres nombreuses possibilités). Quand bien même il devrait vous en coûter une dizaine d’euros par mois : la non-violation de votre privacité a un prix.

A noter que le mouvement de l’Open Data se développe en parallèle, qui désigne la publication ouverte à tous des données détenues par les collectivités. Divers mouvements militent pour l’Open Data (hackers, développeurs, associations militant pour les libertés numériques et l’open source, etc.) et les collectivités commencent à « jouer le jeu » et à publier leurs « données ouvertes » de manière simple et accessible : subventions, travaux, adresses, urbanisme, etc. Une manière de jouer la carte de la transparence, à l’heure où les citoyens réclament une Démocratie et une politique… transparentes.


Sources : YouTube / Sortir de Facebook / fermant sa boîte de courriel / L’étudiant outaouais, Huffington Post.

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