Une journée dédiée à la « lutherie sauvage » se tiendra à Paris

Et si vous faisiez un ukulélé à partir de vieilles boites de conserve ? Peu connue du grand public, la lutherie sauvage désigne la conception d’instruments de musique en matériaux et déchets recyclés. Bien plus accessibles qu’un Stradivarius, ces instruments de musique recyclés feront l’objet d’une journée dédiée, qui aura lieu au mois de mai à Paris. 

Apprendre à jouer d’un instrument de musique peut s’avérer coûteux pour certaines populations : entre l’investissement initial dans l’instrument en lui-même, les leçons et l’entretien, apprendre à jouer de la musique n’est pas toujours accessible à tout le monde. Cependant, il existe des moyens de réduire considérablement ces coûts, et même mieux : de devenir l’heureux propriétaire d’un instrument original, unique en son genre. La tendance de la « lutherie sauvage », qui désigne la conception d’instruments de musique à partir de matériaux recyclés et bon marché, s’inscrit dans cette démarche de démocratisation de la musique sur fond d’écologie pratique.

Alors que nous vous parlions précédemment du désormais mondialement connu orchestre de Cateura, les instruments de musique recyclés s’exportent désormais à Paris, où aura lieu une journée qui leur sera dédiée le 26 mai prochain. Au programme de cette journée « Eco Music », plusieurs thématiques et activités proposeront au public de se familiariser avec la lutherie sauvage : exposition d’instruments recyclés avec visites guidées, ateliers de fabrication d’instruments adressés aux enfants, et même un concert de clôture avec le musicien multi-instrumentiste Nicolas Bras. Par ailleurs, un ciné-débat autour du film documentaire Landfill Harmonic, qui revient sur l’aventure de l’orchestre paraguayen composé d’enfants, aura lieu.

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Le Do It Yourself musical inspiré du recyclage est aujourd’hui un véritable moyen d’émancipation pour les populations les plus pauvres du globe. Au Paraguay, l’orchestre de Cateura connaît un fort succès depuis maintenant quelques années. Situé à quelques mètres de la plus grande décharge du pays, le bidonville a vu naître le premier orchestre entièrement conçu à partir des déchets récupérés. Depuis 2006, Favio Chavez, qui travaille lui aussi sur la décharge, propose aux enfants du quartier de leur apprendre la musique de manière singulière.

Sans moyens, ils imaginent de nouveaux instruments réalisés à partir des matériaux et objets trouvés dans la décharge. Et dans la région, ce n’est pas ce qu’il manque. Violons, contrebasses, flûtes, percussions, rien ne manque à « L’orchestre des recyclés » en dépit d’une extrême pauvreté. Chez nous, si l’accès aux instruments reste facilité pour la majeur partie de la population, l’univers écologique et solidaire semble prendre le dessus. Car la démarche n’est pas sans rappeler que l’occident continue d’envoyer en masse ses déchets dans les décharges des pays en développement. Paradoxalement, les matériaux utilisés par Cateura sont donc indirectement le fruit de nos modes de vie.

Création de Beslide (France)
©Landfill Harmonic

La première édition se tiendra donc le 26 mai prochain au centre Ken Saro Wiwa, dans le 20ème arrondissement de Paris. Une journée à l’objectif sympathique, qui espère combiner à la fois un esprit artistique, ludique et pédagogique pour un public familial.

©Rima Salloum

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