Donner la possibilité à tous les étudiants de s’investir dans la culture de leurs propres aliments sur leur lieu d’études, promouvoir un mode de consommation sain et économique, construire et mettre en lumière un réseau d’acteurs locaux autour d’une volonté commune de se réapproprier sa nourriture… Voici Campus Comestible, une initiative de 3 étudiants associatifs dijonnais. Découverte de ce projet aux aspirations multiples et rencontre avec ses jeunes instigateurs.
Le vendredi 8 septembre dernier se tenait à l’Université de Bourgogne l’inauguration de l’action Campus Comestible, créé début novembre 2016 par Marie, Valentine et Clément, étudiants en faculté de géographie et science de l’éducation. Protagonistes, partenaires et passants étaient ainsi réunis autour des 4 premiers prototypes de bacs mis à disposition de tous pour permettre tout au long de l’année de cultiver légumes de saisons et plantes aromatiques au cœur de l’université. Ces lieux, bien au-delà de proposer une simple activité de jardinage, se veulent aussi un espace de sociabilisation permettant la rencontre inter-facultés autour d’un projet solidaire.
Une initiative associative
L’idée d’un jardin partagé est née lors d’un colloque de l’Association Fédérative Nationale des Etudiants Géographes. « Le thème de cette formation était principalement de discuter de l’intégration du développement durable au sein de nos associations et des actions que nous avions moyen de mettre en œuvre » explique Clément. Le groupe de Valentine imagine alors cette démarche. La proximité des jardins avec leurs utilisateurs étant primordial pour maximiser leur attractivité et leur utilisation, c’est sur les campus même qu’ils devaient se situer.
À la suite de ce congrès, les 2 étudiants décident d’exposer leur proposition à leurs homologues géographes dijonnais : le lancement est démocratiquement voté. « Nous avons constitué un dossier que nous avons présenté à l’Université de Bourgogne, au CROUS et à la mairie de Dijon. Nous y détaillions notre projet avec les caractères sociaux, environnementaux et pédagogiques que cela pouvait impliquer, sans oublier la partie études avec les résultats d’une enquête menée avec les étudiants, la prise en compte de la pluviométrie, du climat, etc… ».
Marie, déjà investie dans l’association d’aide alimentaire Epi’Campus, les rejoindra à ce moment dans cette tâche. Elle y apportera ses compétences à la labellisation de la nouvelle association, qui portera le nom de Campus Comestible. Cette réalisation n’est évidemment pas sans rappeler le mouvement citoyen d’agriculture urbaine Incroyables Comestibles, dont la branche dijonnaise a d’ailleurs elle aussi, par l’apport de ses conseils et de ses contacts, apporté sa contribution à l’aventure.
De la terre aux bacs
Au stade initial, les bacs n’ont pas été immédiatement envisagés. Les 3 étudiants souhaitaient plutôt lancer leur projet sur des terrains épars à travers tout le campus et planter directement dans le sol. Faute d’autorisation, cette solution s’est finalement imposée. Ils sont élaborés par l’Atelier du Viaduc à Chaumont, une association qui se consacre à la collecte, le recyclage et la valorisation de déchets industriels. Elle permet par ailleurs l’insertion professionnelle de personnes sans emploi pendant plusieurs mois.
Ils sont confectionnés à partir de bois de récupération avec un coût de revient unitaire de 12€. Les 4 premiers bacs ont ainsi été financés par les fonds propres de l’Association Étudiante des Géographes Dijonnais. L’approvisionnement en terre, partie non négligeable du processus, se fait lui par le biais d’un agriculteur local, qui s’avère être le père de Marie. Enfin, la provenance des semences biologiques est assurée par des plateformes en ligne telles que Graine de Troc ou des associations comme La Graine et le Potager.
Des ambitions de l’échelle locale à nationale
Les actions menées pour faire croître le projet ne manquent pas. En premier lieu, la priorité pour Marie, Valentine et Clément est d’implanter durablement leurs bacs au sein du campus dijonnais. Cette première étape consiste donc à l’augmentation de leur nombre, qui passera de 4 à 12, tous répartis aux environs des résidences étudiantes. Des négociations sont en cours avec le CROUS de Dijon pour convenir de la mesure de l’aide financière et logistique à apporter pour cette nouvelle commande.
Les 3 étudiants ne se limitent cependant pas uniquement à leur propre campus et envisagent de faire propager l’idée dans d’autres universités, dans une logique de partage horizontal. Cette opération a bien évidemment un coût, qui sera financé par une cagnotte crowdfunding lancée prochainement. Le but de cette participation est de réduire les interactions avec les institutions publiques « Nous souhaitons que ce soient des gens sensibilisés qui nous soutiennent afin de créer une réelle communauté. Ils contribueront ainsi à la pérennité du projet et pourront s’investir eux-mêmes dans la réalisation de nouveaux ». Plusieurs universités, telle que celle de Strasbourg, ont déjà témoigné leur intérêt, affirment-ils.
Enfin, les classes d’enfants des écoles à proximité sont invitées à se rendre sur place, pour qu’une sensibilisation et des échanges puissent se créer autour des thèmes impliqués : « Nous désirons faire venir les enfants pour qu’ils puissent comprendre l’importance du rapport à la Terre. Nous voulons aider à l’apprentissage des plus petits pour qu’ils identifient bien les enjeux d’un tel dispositif ». Nombre de ces initiatives éclosent un peu partout en France, comme dans le monde. Une belle façon de montrer que, dans une période où les directives politiques concernant l’environnement sont parfois à l’opposé d’un regard responsable envers la Terre, les citoyens prennent de l’avance sur la transition.
Propos recueillis par Mr Mondialisation. Article gratuit, rédigé de manière 100% indépendante, sans subvention ni partenaires privés. Soutenez-nous aujourd’hui par un petit café. ?